
Le ministre autrichien des Affaires étrangères Alexander Schallenberg
Le dirigeant par intérim du parti conservateur autrichien (ÖVP) a posé mercredi ses conditions à sa participation à un gouvernement de coalition dirigé par l'extrême droite (FPÖ), réclamant notamment l'assurance qu'un tel exécutif ne sera pas aligné sur Moscou.
"Nous ne voulons pas que l'Autriche soit dépendante, en particulier de la Fédération de Russie", a déclaré Christian Stocker, qui a repris les rênes du Parti populaire depuis la démission de son prédécesseur, le chancelier Karl Nehammer, après l'échec ce week-end de négociations visant à former un cabinet sans le FPÖ (Parti de la liberté), vainqueur des élections législatives du 29 septembre avec 29,1% des voix.
Le parti d'extrême droite, connu pour ses positions prorusses, a été chargé lundi par le président Alexander Van der Bellen de tenter à son tour de former une coalition apte à gouverner. Son chef de file, Herbert Kickl, a invité Christian Stocker, dont le parti a fini deuxième du scrutin législatif avec 26,2% des voix, à des discussions "honnêtes".
Lors d'une conférence de presse mercredi, Christian Stocker a répondu en demandant une "réponse honnête" sur l'alignement de l'Autriche "avec le monde libre ou les dictatures". "Il nous faut aussi une réponse honnête sur le point de savoir si nous plaçons l'Etat au-dessus des intérêts partisans", a-t-il ajouté.
Allié du Premier ministre hongrois Viktor Orban, le FPÖ s'oppose à l'aide européenne à l'Ukraine face à l'invasion russe et qualifie les sanctions européennes contre Moscou de contre-productives. Il estime que le soutien de Vienne à ces sanctions enfreint la position de neutralité de l'Autriche.
Entre autres priorités, Christian Stocker a mentionné la nécessité d'une Europe plus forte et défendu l'indépendance des médias, alors que le FPÖ préconise la suppression de la redevance pour l'audiovisuel public, trop à gauche à ses yeux.
Herbert Kickl brandit de son côté la menace de nouvelles élections législatives anticipées si les négociations s'avèrent trop difficiles. Le FPÖ a encore progressé dans les sondages depuis les élections de septembre et compte désormais une dizaine de points d'avance sur l'ÖVP.
La présidence autrichienne a annoncé que le ministre autrichien des Affaires étrangères, Alexander Schallenberg, remplacerait vendredi Karl Nehammer au poste de chancelier par intérim, à la tête d'un gouvernement chargé d'expédier les affaires courantes jusqu'à la formation d'un nouveau cabinet.
(Rédigé par François Murphy et Madeline Chambers; Jean-Stéphane Brosse pour la version française, édité par Blandine Hénault)
1 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer